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Blog de Jérôme Olinon
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25 février 2007

Livres 2010 - réflexion ou diversion ?

Ca y est, le numérique a rattrapé le livre. Du moins, les grandes manoeuvres sont reparties - je l'ai déjà signalé. Autre exemple typique, la démarche de réflexion engagée par le Centre National du Livre (CNL), sur demande du Ministère de la culture. Et le dispositif (Livres 2010, réflexions sur l'avenir du Livre) est impressionnant : nombreuses tables rondes, réflexions diverses, etc. Le site du CNL revendique d'ailleurs avec fierté cette ambition : "Il s’agit de la première mission de ce genre : son originalité tient à la fois à son caractère exhaustif, en ce qu’elle mobilisera tous les acteurs de la chaîne du livre (auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires) et à son pragmatisme car elle vise le court terme et se veut donc volontaire et opérationnelle. Le projet Livre 2010 doit permettre au ministère de la culture d’anticiper les mutations à venir, en assumant pleinement son rôle, à la fois comme médiateur et comme prescripteur dans certains domaines."

Avec ça, on est sauvé ! Et cela s'est donc déroulé de septembre 2006 à février 2007, autour de 11 tables rondes et d'un grand colloque le 22 février dernier.

Bon, qu'en ressort-il ?

  • D'abord, un discours parfois surprenant de notre ministre, avec des phrases du type : "Le numérique prend les traits d’une menace protéiforme, anarchique et diffuse. Il corrompt la régulation du savoir, les hiérarchies établies, mêle le vrai et le faux, conteste la propriété des droits." Mouais, je ne voyais pas le numérique comme ça, mais bon...
  • Ensuite, des bonnes intentions. La création, voici quelques temps, de la "commission pour la politique numérique instituée au Centre national du livre", présidée par Serges Eyrolles, également président du Syndicat National de l'Edition, laissait entendre une politique volontariste en matière de numérisation. Las, comme le reconnaît le ministre : "les 10 millions d’Euros qui lui sont affectés sont dévolus au grand projet de Bibliothèque numérique Européenne, initiative pionnière et structurante à l’échelle du continent." Bref, la numérisation du livre de droit. Les éditeurs attendront.
  • Et tous les autres ? Et bien, ils doivent se contenter de promesses :"Je préconise aussi l’établissement d’une franchise fiscale de 20000 euros sur l’ensemble des droits d’auteurs perçus au long d’une année." Attendons de voir la réaction de Bercy.
  • Pour les libraires, c'est aussi des promesses : "Tout d’abord je souhaite envisager avec vous les modalités de mise en oeuvre d’une labellisation de vos librairies. Un label librairie indépendante visible et compréhensible par l’ensemble de nos compatriotes est de nature à vous inscrire dans le paysage comme commerce culturel de proximité et de qualité. Une place à part que vous méritez. Ensuite je souhaite porter une politique d’aménagement culturel du territoire par une réforme des aides et par une fiscalité incitative. " C'est beau, lyrique et...

On pourrais continuer longtemps. Que peut-on en déduire ?

  • Réelle réflexion ou feu de paille ? Ce débat rappelle ceux qui avaient donné lieu à une commission sur "le livre numérique" en 1999, qui avait débouché sur un superbe rapport, dit rapport Cordier (du nom de son président) et... rien. Entre temps, la bulle internet s'était dégonflée.
  • Bon, positivons et considérons que l'avénement du numérique semble désormais intégré par l'ensemble de la chaîne du livre. Problème? Au lieu de réflechir sur comment en tirer partie, les acteurs semblent plutôt préoccupés par comment s'en protéger. Ca rappelle furieusement la musique à une certaine époque. On voit où en est l'industrie aujourd'hui.
  • Un colloque plein de bonnes intentions et quelques idées intéressantes, c'est bien, mais à 2 mois d'élections présidentielles, c'est... un coup d'épée dans l'eau. Quoiqu'il arrive, le ministre actuel ne sera plus ministre dans 2 mois. Bref, promettre ne lui coûte pas grand chose, mais son successeur risque de ne pas se sentir trop engagé.

Allez, je vous laisse vous faire votre propre idée :

Certains des comptes rendus des tables rondes sont plutôt intéressants. Ici.

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